La puissance
Puissante, l’église contribue largement à la structuration territoriale du pays.
Du VIIème au VIIIème siècles, les diocèses se divisent en paroisses urbaines ou rurales presque toujours par les soins d’une communauté de moines.
Les moines de Saint-Amand ont certainement contribué à la création d’un grand nombre d’églises et de prieurés (Montignac, Brenac, Aubas, Plazac, Thonac, Thenon,Saint-Geniès, Lacassagne, Nadaillac, Archignac, Salignac, Coly, Saint-Lazare, Saint-Rabier, Le Cern, Cublac) qui resteront sous la dépendance de l’Abbaye de Saint-Amand.
Au IXème siècle, les guerres d’Aquitaine conduites par Pépin le Bref, puis les incursions normandes créèrent un état de terreur intermittente et de nombreuses destructions. Les monastères de Saint-Sore (à Terrasson) et, dit-on celui de Saint-Amand furent détruits en 857 par des hordes danoises remontant les vallées de la Vézère. La vie religieuse en fut grandement affectée. Les monastères durent se mettre sous la protection des barons locaux mais payèrent chèrement cette protection et subirent les abus qui en découlèrent. Voici comment André Delmas décrit la situation du monastère de Saint-Sore au début du Xème siècle, ce qui vaut sans doute aussi pour celui de Saint-Amand “L’abbaye n’a pas échappé aux spoliations du puissant comte du Périgord. Là comme ailleurs, les moines, privés de leurs revenus, vivent misérablement. Après tant et tant de malheurs on a oublié la règle et la ferveur est tombée.”.
Le Xème; siècle est aussi marqué par un important mouvement de réforme tendant à restaurer la discipline monastique, à affranchir les monastères des ingérences séculières et à obtenir la restitution du temporel. La croyance aux “terreurs de l’An Mil” selon laquelle le monde prendrait fin en l’an mille a peut-être aidé Odon, grand abbé de Cluny, à convaincre le puissant comte de Périgord de restituer en 937, ses biens au monastère de Genouillac. Il est vraisemblable que le monastère de Saint Amand dont l’histoire est si intimement liée à celle du monastère de Genouillac (Terrasson) bénéficia aussi de ce grand mouvement de reconquête.
Dès la fin du XIème et au début du XIIème siècle, dans le climat de réforme entrepris par les papes Grégoire VII et Urbain II et avec le puissant appui des ducs d’aquitaine, les chanoines réguliers de Saint-Augustin ouvraient l’ère nouvelle de l’ordre canonial alors que de leur côté les Bénédictins tentaient d’étendre leur influence. En 1101, l’abbaye de St-Martial de Limoges obtenait le consentement du comte de Terrasson et celui de l’évêque de Périgueux pour soumettre à l’obédience bénédictine le monastère de St-Sore. Selon André Delmas, il dut y avoir à l’issue de la main mise de Limoges sur Terrasson, scission parmi les moines de Saint-Sore, certains, refusant la contrainte clunisienne, et formant un noyau de réformateurs rejoignirent la communauté établie à Saint-Amand. Depuis cette époque l’abbaye a vécu selon la règle augustinienne.
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